L’ensemble des photos présentes dans le rapport où les personnes ne sont pas à deux mètres les unes des autres et qui ne sont pas équipées de masques et visières ou lunettes de protections reflètent les activités avant la période de la pandémie.
Les activités de cuisine et de formation en présentiel depuis le début de la pandémie sont faites dans un souci d’appliquer les recommandations et consignes de la santé publique.
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas à la CCHM ! À bien y penser, c’est sans doute dans les locaux de la corporation que le mot « se réinventer » s’est écrit, s’est réécrit, s’est définit, s’est redéfinit, s’est déployé et s’est vécu.
C’est dans le contexte des derniers mois que notre vision « Contribuer à développer un modèle de société plus collectif et inclusif et être un pilier du quartier dans la construction d’un monde durable et solidaire » a pris de son sens et de son importance.
Je tiens à remercier tous les architectes qui ont contribué à la construction et à l’accomplissement de notre structure : membres, participants, bénévoles, partenaires et bailleurs de fonds.
À l’équipe de travail : votre capacité à faire face aux adversités, à transformer un contexte en force motrice de changement, à créer et contribuer à un modèle fort font de vous les porteurs principaux de notre mission.
À notre directeur général : merci d’élever la mission et la vision de la corporation et de lui construire une personnalité au-delà des limites.
Au conseil d’administration : merci de votre implication et de votre volonté d’avoir un impact sur le
déploiement de l’organisme.
Laissons maintenant les mots vous raconter la dernière année remplie de volonté, de mobilisation, de résilience, d’écoute, d’innovation, d’implication et de réalisations.
Solidairement,
Cette année est, vous en conviendrez, vraiment particulière ! En faire une synthèse pour vous la partager tiendrait à la fois en peu de mots et mériterait d’en dire beaucoup.
Durant l’année, nous pensions avoir fait beaucoup de belles choses avant la mi-mars mais il y a l’après. Comme tous, nous avons traversé cette période d’incertitude qui est loin d’être au demeurant fini. La chute de nos activités économiques nous a bousculés, la force de notre modèle devenait tout d’un coup moins solide
La résilience de nos équipes et de nos partenaires, associée à une participation citoyenne sans précédent, nous a amené à grandir et à nous a amené à renforcer nos convictions et à pousser nos actions beaucoup plus loin.
La mobilisation après l’arrêt puis le retour de la formation dans l’entreprise d’insertion ; les équipes passant du chômage à un retour en force pour donner une réponse forte à des besoins énormes en sécurité alimentaire dans la communauté ; de la fermeture des activités de cuisine collective à la création d’un réseau de production et de distribution solidaire formidable.
L’innovation par la diversification de nos activités économiques pour rebondir mais aussi et surtout par l’agilité de mobilisation collective des partenaires, des bailleurs, élus et collectifs de travail afin de nous rendre plus vite, plus loin et plus ensemble dans la réponse à donner à nos nouvelles réalités.
La reconnaissance vis-à-vis d’une équipe avec laquelle j’ai le privilège de travailler encore plus étroitement sur le terrain dans l’entraide, la solidarité malgré les insécurités du changement dans notre quotidien.
Acteur de mobilisation dans l’implantation d’un espace de vie collectif sur la rue pour aider à traverser cette période dans un lieu d’appartenance pour la communauté.
Et sans oublier les administratrices et administrateurs qui ont su être présent, à l’écoute et supportant dans l’ensemble des décisions rapides qui ont été nécessaires.
Un merci particulier au le gros réseau de bénévoles tout au long de ces mois. Plusieurs sont venus mettre la main à la pâte dans tous les domaines. Un coup de cœur et une énorme reconnaissance aux « cyclistes solidaires » qui nous supportent chaque semaine, sans relâche, vendredi après vendredi, par pluie, neige, vent et grosses chaleurs, pour assurer la distribution dans l’ensemble du quartier. J’ai appris avec eux la vraie notion de la participation citoyenne ! Je leur souhaite de tout cœur que leur organisme naissant prenne son envol.
Depuis l’année dernière, nous avons commencé un virage numérique pour notre rapport annuel. Bonne lecture !
groupes de cuisine
collective
utilisateurs
en ateliers
ruches très actives
ayant produit
de miel
ateliers
de cuisine collective
plats de cuisine
de Noël
repas cuisinés
au coût moyen
de
cent par portion
apprenants
dans le processus
de formation
de l’entreprise d’insertion
finissants sont accompagnés par l’équipe sur une période de 2 ans
variétés de fruits, légumes, salades, fleurs et herbes aromatiques récoltés sur le toit potager et dans le potager avec Fondaction au Carrefour Financier Solidaire et sur le potager sur rue devant l’organisme
de paniers de denrées alimentaires livrés dans
et
organismes
communautaires
nuitées dans la
résidence touristique
contrats traiteur
qui représentent
convives
repas distribués
dans la communauté.
clients ont été au service
de restauration de la CSN,
à La Solidaire
organismes
utilisant nos cuisines, avec des objectifs d’intervention et des ressources externes pendant les ateliers (travailleuses sociales, intervenante CLSC, CPE, etc.)
La CCHM met en avant une approche en économie sociale et vise une qualité de services et de produits afin de soutenir sa mission d’entraide et d’implication citoyenne et ce, grâce à la diversité de ses activités commerciales. Sans pour autant se substituer aux appuis financiers et subventions nécessaires, l'organisme met tout en place pour faire une juste part et contribuer à une plus grande autonomie financière et faire croître la capacité d'impact dans le développement de ses projets.
Encore cette année, ce sont 40 groupes dont 20 organismes du milieu de tous horizons qui utilisent nos cuisines pour développer des apprentissages à travers un processus de recherche d’autonomie dans les pratiques tout en remplissant les réfrigérateurs des familles du quartier.
Pour plusieurs organismes, nous nous déplaçons dans leurs locaux afin de développer le lien de confiance et permettre par la suite la sortie des participants vers nos cuisines.
Chaque année, 41 apprenants rejoignent volontairement la formation en milieu réel de travail afin de développer les compétences sociales et professionnelles pour rejoindre le marché du travail. Pour assurer un retour réussi au sein du monde de l’entreprise, nous les suivons et soutenons par la suite pendant 2 ans.
Ce groupe de membres super mobilisées a su proposer des ateliers et activités tout au long de l'année. Le confinement ne les a pas arrêtées !!
Avec ténacité, elles nous ont proposées des capsules vidéo pleines de vie qui nous ont fait chaud au cœur et que nous avons partagées sur notre page Facebook. Merci beaucoup et nous avons hâte à la suite !!
Nous utilisons certaines de nos activités en économie sociale pour l’environnement de formation : le traiteur à la maison mère sur la rue Adam, la cafétéria dans le siège social de la CSN au coin des rues De Maisonneuve et De Lorimier et tout dernièrement deux lignes de plats congelés individuels et familiaux ainsi qu’une épicerie complète d'achat en ligne, le tout pour livraison à la maison comme au bureau.
Un triplex à l’arrière de la maison mère sur la rue Joliette permet le tourisme social à bas coût pour les organismes et la communauté.
Trois potagers sont actifs comme milieu d’implication, d’apprentissage et d’approvisionnement pour la communauté.
Le toit potager sur notre édifice, le potager sur le sol de Fondaction qui année après année nous accompagne et notre potager sur rue qui sera transporté en octobre sur l’esplanade de l’école Baril à la réouverture à la circulation de la rue Adam.
Le Marché Solidaire HM est une initiative de La CCHM et soutenue par bon nombre d’organismes afin de créer un milieu de vie à l’année. En hiver à l’intérieur du Centre Communautaire Hochelaga et en été, sur la rue Adam devant l’organisme.
Notons cette année, la forte participation de l’arrondissement en offrant un environnement superbe. La fermeture de la rue Adam gérée de main de maître par l’équipe de l’urbanisme a créé un lieu de vie chaleureux pour tous.
Les partenaires du marché : CCH, CJBV, GCC la Violence, CJE Hochelaga Maisonneuve avec La Récolterie, Le Foyer des jeunes travailleuses et travailleurs de l’ile de Montréal, le carrefour Parenfants, Les distributions l’Escalier.
qui a vu le jour dès le début de la pandémie pour répondre aux besoins croissants dans la communauté devient permanent. Grâce à la mobilisation de tous, nous avons pu constater que les besoins nécessitent une pérennité.
Les partenaires et acteurs du réseau de distribution : CCH, L’antre-Jeunes, Frigo communautaire de l’Est, Répit Providence, GCC la violence, CJBV, Care Montréal, CCSE, Foyer des jeunes travailleuses et travailleurs de l’ile de Montréal, CJE Hochelaga-Maisonneuve, Interaction Famille, Le Mûrier, Les distributions l’Escalier, Propret, Carrefour Familial Hochelaga, Carrefour Parenfants, Productions Jeun’Est, YMCA Hochelaga, Maison Oxygène, La CCHM, Le réseau alimentaire de l’est de Montréal, La tablée des chefs, Fleury Michon.
À partir de la mi-mars, les équipes de la cuisine mettent en marche un réseau d’approvisionnement,
de production et de distribution auprès des citoyens et organismes partenaires.
Au même moment, un groupe citoyens d’une quarantaine de cyclistes est venu en renfort pour assurer une distribution sur l’ensemble du territoire. Les Cyclistes Solidaires, acteurs extraordinaires de la réussite de notre regroupement ont permis d’une part de livrer à toutes les portes sans jamais faillir. Ils ont gardé et gardent encore le plaisir et la bonne humeur autant par neige, vent, pluie comme grosses chaleurs.
Grâce à eux nous ne nous sommes jamais sentis seuls dans notre action.
Ce sont les héros de notre année !!!
Les jeunes disent aux parents qu’on peut les aider, ils servent de relais.
Des parents qui avaient une job stable et n’avaient jamais demandé de l’aide auparavant. Avant le Corona, Joelle McNeil Paquet et son équipe aidaient 30 familles en situation de précarité, ils sont plus de 110 maintenant. Voilà le nouveau visage de la pauvreté, ici dans l’Est de Montréal où les gens vivent 9 ans de moins que dans l’Ouest.
Avant, plus de 225 ados fréquentaient les 2 maisons L'Antre Jeunes de Mercier Est, l’aide alimentaire n'était qu'une fraction des services offerts. Là, l’équipe a quintuplé l’offre. Il a fallu bien de la réorganisation. D’abord, convaincre la Ville de Montréal qu’ils devaient continuer à travailler de leurs locaux. Et passer parfois deux à trois à jours à monter-descendre des denrées et boîtes de nourriture : « On se fait des muscles ! » et la semaine se remplit vite.
Tous les mardis, ils livrent les ingrédients nécessaires à une recette qui sera faite en ligne le mercredi. C’est fou de penser que bien de ces ados n’avaient jamais vu un avocat ou coupé un oignon avant. Le jeudi, les travailleurs de rue font de même auprès de la clientèle itinérante et en détresse : de la nourriture, des gants, des masques pour pallier, un peu, à la perte du petit change offert, aux bouteilles vides à porter en consigne…
Le vendredi, l’équipe dresse des tables directement devant les HLM de Mercier pour livrer les boîtes de nourriture et les repas aux familles : «Mercier, c’est un désert alimentaire: avec seulement 2 épiceries excentrées, des prix plus élevés… Une mère monoparentale peut pas passer 3 heures à y aller, faire la file. » Le vendredi est une bénédiction, surtout maintenant qu’il n’y a plus ni déjeuner, ni collation dans les écoles : avec les enfants à temps plein à la maison, la facture d’épicerie explose alors que les revenus sont en chute libre.
Tous les vendredis également, les intervenants font des visites de balcons aux jeunes… des Roméo et Juliette modernes ! L’ado en détresse peut ventiler, ou simplement rigoler un peu, et mine de rien, les parents voient qui les aident. Comme le dit Joelle, «les préjugés sont tenaces face aux maisons des jeunes, une place où ils vont fumer de la drogue, pas un milieu sécuritaire. » Le Corona a permis de redorer leur image ! En aidant un jeune, on aide aussi sa famille.
Pour donner cinq fois plus d’aide, il a fallu tisser des liens hors des arrondissements. Un événement bénéfice tenu par Chambre de commerce de l'Est de Montréal a permis le maillage avec la Cuisine Collective... « et Benoist leur directeur nous a dit qu’on pourrait poursuivre au moins jusqu’en septembre ! »
En septembre, Joelle espère pouvoir réouvrir ses deux maisons de jeunes, en suivant le protocole sanitaire. Et peut être poursuivre de nouvelles façons d’aider : « Avant la pandémie, on ne faisait pas d’interventions d’aide au téléphone ou via les médias sociaux : on voulait que les jeunes sortent de leur isolement, se déplacent… » Mais là, pas le choix : Messenger, zoom, clavardage en ligne, tout pour ne pas briser le lien de confiance et l’aide amorcée avant la crise.
Ainsi soulagés d’une part de leurs malheurs, d’autres jeunes iront dire à leurs parents et leurs amis qu’ils ne sont plus seuls. La cuisine collective, c’est bien plus que des petits plats réconfortants : ce sont toutes ces mains tendues pour repartir du bon pied.
(Texte : Michel Duchesne)
Avant la crise, les gens réussissaient à garderla tête hors de l’eau. Là, la faim se montre plus souvent le bout du nez. Sans les collations dans les garderies, le Club des petits déjeuners à l’école, les enfants ont faim à temps plein ! Répit Providence aidait 40 familles, c’est maintenant 180 familles qui comptent sur elles pour manger normalement
Avant le Corona virus, les 7 femmes de Répit Providence assuraient un hébergement courte durée à des jeunes enfants et leurs familles. Du réconfort, des outils pour passer à travers les épreuves… et de la cuisine collective dans nos locaux. Même pour le petit frère de 3 ans, cuisiner était un jeu stimulant, débordant de couleurs et d’odeurs.
Avec le confinement, ces familles auraient pu être laissées à elles-mêmes et tomber dans les trous du filet social. Pas question ! Répit Providence a plutôt augmenté les livraisons de nourriture, les appels de réconfort pour gérer la colère et l’impuissance. Beaucoup de chefs de famille ont perdu leur emploi, d’autres n’ont plus de break pour aller à l’épicerie et plusieurs n’ont tout simplement pas accès au crédit pour commander aux grandes chaînes. Il fallait soutenir ces hommes démunis et ces femmes fragilisées.
C’était pas évident, parce que nous avons tous nos familles nous-aussi !
nous dit Maya Iwaskow, agente de liaison. Leurs propres enfants sont donc devenus bénévoles ! Y’a les ados de la coordonatrice qui aident à décharger les camions de Moisson Montréal, y’a les plus vieux qui font la livraison de paniers… et y’a les petits de Maya qui testent les jeux qu’elle invente pour livrer avec la nourriture. Comme jadis, nous attendions le Pif Gadget ou la Petite Presse du samedi, les enfants ont hâte d’avoir l’enveloppe de jeux concoctés par Maya ! Ça va des petits mots fléchés aux coloromap, des mandalas plus flyés pour les ados ! Faut nourrir l’âme et l’esprit, pas juste les bedons !
L’important est de garder le moral des troupes « et d’être équitable ». Ainsi, chaque famille passera au travers de cette épreuve, à coups de petits plats réconfortants de la CCHM et la Tablée des Chefs. Et Répit Providence pourra accueillir de nouveaux les familles à leur maison. L’équipe jardine, ajuste les consignes, prépare les chambres, « Ça va être beau! »
Ces femmes travaillent dès maintenant pour des lendemains chantants.
(Texte : Michel Duchesne)
Le méchant virus ne gagnera pas. Comme des chaperons rouges, les employés du Murier livrent des repas à la porte de leurs résidents pour ne pas qu’ils sombrent dans la solitude.
Depuis toujours, Le Mûrier améliore la qualité de vie de 100 personnes avec des troubles de santé mentale. Coincés parfois dans des petits appartements, ils arrivaient à surnager, via notamment des ateliers « Cuisinons ensemble » et « La fabrique à bouffe ». Le Mûrier misait sur la participation de son monde afin de développer leur autonomie.
Le Coronavirus a tout fait basculer ce fragile équilibre.
Comme pour trop de montréalais, se nourrir est devenu un défi de tous les jours :
Pour un schizophrène, par exemple, le stress des files d’attente est décuplé. Les commerçants ne prennent plus d’argent comptant et très peu de nos gens ont des cartes de crédits.
Pour faire face au problème, Alex Chayer et son équipe ont transformé les petites cuisines de leurs résidences en laboratoires de survie alimentaire ! « Mais pas aussi gros que la Cuisine Collective… disons qu’on a un cuisiner et demi en comptant nos stagiaires ! »
Ça sent la nourriture maison à tous les jours à La Maison St-Dominique et Le Jalon, pour femmes seulement. Chaque vendredi s’ajoute la force des partenaires afin de ne laisser personne sur le carreau : « Vous êtes notre sécurité, avec vous, on sait qu’on manquera de rien. »
L’été, ce modèle risque de continuer. « Et on va investir dans l’air climatisé ! » La chaleur accablante et la médication ne font pas bon ménage. Mais Le Mûrier procurera ombre et soutien à son monde qui jamais ne baisse les bras devant la maladie mentale : « Ils sont courageux, ça m’impressionne ! » Et nous aussi.
(Texte : Michel Duchesne)
À un carrefour, on doit faire des choix. On redonne une nouvelle direction à sa vie, on prend le temps de recharger ses batteries avant de continuer sa route mieux équipé. Le Carrefour Hochelaga faisait tout ça pour bien des familles avant le Corona Virus. Et maintenant ? Ça continue mais autrement !
Par exemple, les ateliers d’arts créatifs de Mélanie se font en vidéo sur Facebook, comme ses suggestions de livre : @la lecture en partage pour vaincre la déprime! Y’a Michel qui se démène deux fois la semaine dans des capsules de mise en forme. Sa prochaine salve sera pour les ados 12-17 ans, «souvent les oubliés du système ». La directrice, Manon Morin, a vu neiger et garde le moral de ses troupes. C’est pas une époque évidente pour personne, «bien des couples se séparent, des familles en arrachent… » alors pas le temps de fermer unCarrefour aussi important dans la communauté.
On y offrait des ateliers de cuisine, d’abord des papas d’un bord, les mères de l’autre, tout ce beau s’est fusionné, donnant même un coup de main aux livraisons de repas bienfaisants de la Cuisine Collective. « On fait la commande ensemble ! » Le mercredi, y’a le Chic Resto Pop qui fait sa part et le vendredi, c’est nous et plus de 30 organismes ! Toute cette entraide alimentaire rejoint plus de gens que prévus : plein de nouveaux sans-emploi n’arrivent pa sà joindre les deux bouts. C’est pourquoi, en plus de la mise en forme, Michel aide aux impôts : la semaine dernière, il a rencontré 28 chefs de famille en une seule journée !
Manon Morin et son équipe finalise leur programmation d’été pour alléger un peu la pression sur des parents épuisés : « Cet été, ça va se passer dans la ruelle verte! » L’arrondissement a fourni un lot de plantes, la ruelle sera encore plus belle pour accueilli les activités estivales.
À toutes les heures, un nouveau groupe ou une nouvelle activité, les pauses pipis se feront à la maison. On y tiendra même unciné-parc, chacun sa chaise ou son matelas; tout comme les jeux d’eau, le bricolage, mais moins de sorties dans les parcs de la Ville. Et la classique fête de la rentrée des classes ?
On sait pas de quoi va avoir l’air nos vies en septembre… Ça risque de virer party ruelle verte !
rigole Manon qui ne tourne pas en rond à sonCarrefour. Tout le monde va de l’avant
(Texte: Michel Duchesne)
@chambrede commerce du mtl metropolitain
@chantierde l’économie social
@collectifdes entreprises d’insertion
Avec la pandémie, les organismes n’auront jamais autant travaillé ensemble. J’espère que c’est juste le début !
Ainsi parle Aurore qui travaille tant pour briser l’isolement des familles dans HoMa, chez Interaction Famille H-M, une maison à la porte toujours grande ouverte.
Avant la pandémie, bien des mères monoparentales et des demandeurs d’asile y entraient pour de l’aide, autant émotive qu’administrative. Pas facile parfois de se retrouver dans tous les papiers (foi d’ex Écrivain Public !) Un service des plus populaires, l’halte répit de jour : les enfants accueillis en demi-journée permettant aux mamans de répondre à des urgences. Ou d’autres petits pour une journée pleine pour permettre aux adultes d’aller suivre des cours de francisation ou de recherche d’emploi chez @Alpa.
Les déjeuners causerie set des ateliers cuisines permettaient de partager la corvée nourriture et de ramener des provisions à la maison. Mais la porte s’est fermée avec le confinement. Aurore et son équipe téléphonait aux gens : « La première semaine, ça allait bien, la 2e, plus ou moins, et rapidement, avec les épiceries interdites aux enfants, les mères monoparentales ont commencé à en arracher. » La 1ère chose que l’équipe a faite, c’est de vider la réserve et leurs armoires ! Mais ils ont vite manqué de denrées...
Personne n’aime avouer sa misère. Benoist de la Cuisine Collective a offert d’aider. Et les mamans confinées furent soulagées : « On avait pas assez de bras pour aller voir tout notre monde ! » Y’a des voisins et des conjoints qui viennent donner un coup de main, pas un petit plat qui se perd en chemin !
L’avenir ? Jusqu’en septembre, Aurore et l’équipe pourront assurer un soutien alimentaire. Elle espère surtout pouvoir ouvrir ses portes à nouveau. Que ce soit une rentrée des classes, « où les enfants mangeront » et où les mamans pourront aussi avoir un peu de répit et redonner à leur tour. Comme Aurore qui était une maman impliquée dans son quartier, s’est jointe au CA de l’organisme et hop ! S’est proposée pour un poste vacant.
Petite aide vous mènera loin.
(Texte: Michel Duchesne)
« Cuisiner de la douceur », c’est un concours de gâteaux pour vaincre le spleen, un défi lancé par Barbara Jomphe à ses 19 vaillant-e-s hébergé-e-s au au Foyer de jeunes travailleurs et travailleuses de Montréal - FJTTM.
Nous faisions depuis longtemps du covoiturage avec eux pour aller chercher nos denrées à Moisson Montréal. Ces jeunes venaient aussi donner un coup de main au Marché Solidaire HM. La crise actuelle a resserré nos liens, on finira tous par trouver du positif à la crise.
Avant le Covid, les jeunes mangeaient plus souvent chacun seul devant son écran. Là, y’a un grand sentiment de communauté qui se crée, le goût de cuisiner ensemble grandit. Au lieu de remplir les 19 mini-frigos de leurs chambres, les denrées et repas préparés de la CCHM atterrissent à la salle commune. Zéro gaspillage, zéro perte, tous mettent la main à la pâte et se découvrent des talents insoupçonnés de chefs.
Ces jeunes ont survécu à des passages difficiles, ils repartent du bon pied au Foyer. Chacun a son projet de vie : retour aux études, insertion au travail et aussi, apprentis chez nous. Mais la tornade Covid a frappé fort : plusieurs ont perdu leur job et ont dû partir. Des chambres sont restées vides. Parfois, le silence était un peu lourd.
Mais le vent finit toujours par tourner.
Mai 2020, de nouveaux venus débarquent. Bien sûr, ils sont confinés 14 jours dans leur chambre… Barbara et les intervenants viennent leur porter de la nourriture à leur porte de chambre,
On essaie de les gâter un peu parce qu’ils nous entendent rire dans la salle commune !
Et bien vite, un semblant de normalité reprendra. Des jeunes viendront donner leur coup de main au Marché, d’autres viendront cuisiner chez nous. Peut être pas demain, mais un jour. Parce que la douceur est bien moins amère que la colère du passé.
(Texte: Michel Duchesne)
Vous en connaissez beaucoup, vous, des frigos qui nourrissent de HoMa à Rivière des Prairies ?
Comme des fourmis qui vont et viennent, Virginie et des amis ramassaient les invendus des commerçants locaux. Des familles aussi donnaient leurs surplus qu’ils échangeaient avec d’autres, autant par nécessité que pour lutter contre le gaspillage : se retrouver autour d’un frigo leur apparaissait plus chaleureux que de faire la file à une banque alimentaire. Puis vint la pandémie. Des jobs perdus.
Le bouche à oreille des affamés fit le reste : de 40 familles initialement voilà que 150 familles dépendent du Frigo Communautaire & Solidaire de l'Est pour leur survie alimentaire.
« Mon père m’a toujours élevée de façon très économe et à réfléchir à nos petits gestes » nous raconte Virginie, la citoyenne indignée à l’origine du projet. Elle opérait un petit hôtel, des ennuis de santé lui firent perdre une part de ses avoirs. Du jour au lendemain, elle qui payait beaucoup d’impôts ne pouvait plus vraiment payer son épicerie. « Le dumpster diving m’est venue naturellement! » C’est un scandale de notre époque de surconsommation : on trouve dans les bennes de déchets des restaurants et commerces des denrées encore comestibles. Tel Robin des Bois (!) Virginie redonnait une part de ce qu’elle trouvait.
Devenue OBNL depuis peu, elle passe des accords avec des restos, boutiquiers et épiciers qui gardent leurs invendus aux congélateurs. Son frigo personnel s’est transformé en deux immenses congélateurs et la bande d’amis est devenue une armée de bénévoles. S’ajoute la La Tablée des Chefs et La Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve qui avec ses plats préparés permet à un nombre incroyable de gens seuls et personnes âgées à passer au travers de cette épreuve.
Avant, Virginie distribuait des sandwichs invendus du couche tard aux itinérants. Maintenant, la pauvreté se retrouve aussi chez d’anciens professionnels sans emploi. Comme elle jadis :
Le frigo m’a sauvé la vie ! J’étais mentalement down, mais depuis 4 ans, j’ai trouvé ma place.
Prôner la simplicité volontaire et la mettre en action, ainsi s’active tout un réseau sous-terrain d’entraide, comme la résistance de l’époque : on trouve des frigos dans bien des quartiers, des comparses comme Atlantide Desrochers, le frigo de la Petite Patrie « ou Bouffe-Action de Rosemont qui nous permettent d’utiliser des fourgonnettes réfrigérées à moindre coût ».
Leur subvention finit la semaine prochaine… mais pas la lutte au gaspillage ! Les livraisons continueront d’une manière ou d’une autre. Virginie rêve de faire plus de cuisine collective avec des familles d’origines diverses, « des recettes internationales adaptées avec les produits d’ici ». Et lorsque la récolte des jardins communautaires se fera trop abondante, comme les fourmis, ils ramasseront tout ce qui traîne !
Vous avez besoin d’aide ou souhaitez offrir la vôtre ? Ce mardi, c’est la distribution. Écrivez leur : Frigo Communautaire & Solidaire de l'Est…
La lumière d’un frigo, c’est la lumière au bout du tunnel !
(Texte: Michel Duchesne)
Plein de jeunes n’avaient jamais mis les mains dans la terre. Ça les calme avec tout le stress qu’ils vivent !
Au CJE, on en plus d'aider les 16-35 ans en réorientation de carrière ou en persévérance scolaire, on mise sur la valorisation de l’engagement social. L’agriculture urbaine, emmenez-en ! En plus, avec 3h de volontariat, le jeune ramène des fruits et légumes frais; y’a pas que le moral qui y gagne, même l’estomac.
Les ressources des Carrefour sont méconnues. Autant des universitaires que des raccrocheurs bénéficient d’aide en recherche d’emploi, des références données à la pelle car souvent les gens ignorent leur existence : «Dans 8km2, y’a tellement de ressources, mais les gens se perdent dans le web. » nous dit Nicolas Mary, conseiller en employabilité au CJE.
Heureusement, la pandémie aura augmenté le réseau d’entraide du quartier, un peu comme des racines qui s’étendent dans le sol. Ça grandit jour le jour, à coups de consultations sur les médias sociaux et d’appels à l’aide. Alexandra experte en persévérance scolaire de la CJE donne ses conseils via Facebook; Nicolas et les autres multiplient les coups de téléphone. «Les gens sortent de leur isolement. » Notamment, poussés par la faim. « Ben des jeunes ne l’avaient pas vu venir celle-là ! » La perte d’emploi, le retour aux études compromis parfois. « Ils nous disent « j’ai payé ce que j’avais à payer, il me reste pas grand chose pour manger. »
Le vendredi, des dizaines de cyclistes à vélo vont porter des repas aux 4 coins de la ville. Les frigidaires de la CJE servent aussi de point de chute, les jeunes y passent plus tard dans la journée. Certains travaillaient, complétaient leurs études à distance… ou se démoralisaient, comme cette cégepienne qui trouvait difficile de se concentrer seule à la maison. Nicolas, qui a fait son travail social à UQAM | Université du Québec à Montréal, prévoit que plusieurs retarderont leur rentrée à l’automne et travailleront plutôt à temps plein. «Le virtuel et les Zoom ont leurs limites ».
Avec le confinement, les 16-35 ans ont eu le temps de penser à leur mise en forme… et l’importance de faire leur part. Plusieurs continueront d’aider Y'a QuelQu'un l'aut'bord du mur, les jardins communautaires près du Stade olympique de Montréal ou notre Marché Solidaire HM. Encore hier, c’était pour la distribution de plantes de Éco-quartier Mercier Hochelaga Maisonneuve. Cet automne, via La Récolterie on s’assurera que la générosité des arbres fruitiers ne tombe pas dans l’oubli. Peut être qu’une part de ces fruits deviendront des ketchups de la Bocalerie ou des plats réconfortants livrés chaque vendredi?
La nature est généreuse, comme le sont tous ces intervenants dans 8 km carré ! Passez-vous le mot !
(Texte: Michel Duchesne)
« Donnez-moi de l’oxygène! » chantait Diane Dufresne (Officiel). Depuis février, 6 papas étaient confinés à temps plein à la Maison Oxygène Montréal sans pouvoir voir leurs enfants. « Les papas s’ennuyaient énormément… le Zoom c’est ben beau, mais c’est pas assez ! »
Depuis deux semaines, enfin, les visites reprennent. Les pères respirent. Ici, ils trouvent un répit dans une période difficile de leur vie. Dépression pour l’un, chômage pour l’autre; des difficultés professionnelles, personnelles et souvent conjugales menant à la séparation. Durant trois mois, ils peuvent ventiler et avoir du soutien juridique, psychologique et de l’aide à la recherche d’un nouveau logement : « C’est le plus gros défi à Montréal. Y’a pas de miracle ! » soupire Virginie Bonneau, coordonnatrice. Heureusement, ils comptent sur quelques logements supervisés avec Office municipal d'habitation de Montréal - OMHM, mais il en faudrait tellement davantage !
On manque d’air, d’espace… et de ressources financières pour aider, le triste lot souvent du milieu communautaire : « On a une liste d’attente très longue… » Ça crève le coeur de Virginie :
Quand des places se libèrent, on appelle notre monde. Des fois, la situation a changé pour le mieux, souvent elle a empiré…
Heureusement, la pandémie aura augmenté le réseau d’entraide du quartier, un peu comme des racines qui s’étendent dans le sol. Ça grandit jour le jour, à coups de consultations sur les médias sociaux et d’appels à l’aide. Alexandra experte en persévérance scolaire de la CJE donne ses conseils via Facebook; Nicolas et les autres multiplient les coups de téléphone. «Les gens sortent de leur isolement. » Notamment, poussés par la faim. « Ben des jeunes ne l’avaient pas vu venir celle-là ! » La perte d’emploi, le retour aux études compromis parfois. « Ils nous disent « j’ai payé ce que j’avais à payer, il me reste pas grand chose pour manger. »
En pleine crise du Coronavirus, le CCHM a donc fait sa part : nous opérions un petit gite touristique à même nos cuisines de formation. Bye les touristes, bienvenue les papas, ravis d’avoir un si beau toit pour être en quarantaine. « Les premiers pères accueillis chez vous voulaient pas partir ! » Mais d’autres éclopés attendaient leur tour.
Des Maisons Oxygène, il en faudrait des dizaines : « Avec le Corona, y’a un besoin fou de répit parental. Ne serait-ce que quelques heures ! » Mais au moins, Virginie et ses intervenant-E-s ont pu compter sur les petits plats bienfaisants de nos cuisines, ceux de La Tablée des Chefs et le soutien de Moisson Montréal : « De la bouffe, on en a en masse ! » Si les logements sociaux pouvaient être aussi abondants ! Et si les démarches juridiques pour les cas de séparation et de gardes d’enfants pouvaient reprendre aussi : « Une crise dans une crise, c’est pas évident ! »
Et y’a ceux dont on ne parle jamais : les hommes battus. Meurtris. Psychologiquement défaits. Virginie découvre toute cette détresse souterraine,
« On voit pas ça dans notre entourage. Pourtant, sont là… »
Heureusement, le déconfinement est commencé, l’été est enfin à nos portes. Les papas, comme les enfants, inspirent profondément : ça va bien aller pour eux aussi. Ils méritent cette bouffée d’air frais.
(Texte: Michel Duchesne)
Nous, on est le 4e trio : on mâche de la gomme, on joue dur dans les coins et on s’arrange pour scorer
C’est pas le méchant virus qui viendra à bout de Roland Barbier : y’a trop de familles à sauver dans HoMa ! Pour vous donner un exemple, lorsqu’il a lancé OPÉRATION SOUS ZÉRO, il habillait en neuf pour l’hiver 89 jeunes. L’an dernier, soutenu par Paul Arcand, c’est 4500 jeunes, à la grandeur du Québec, qui ont eu droit à des vêtements neufs bien avant l’arrivée du Père Noël et des grands froids.
Et tout ça part d’un fameux sous-sol d’église, l’ex chapelle Ste-Famille où loge le Centre Communautaire Hochelaga.
Avant le Covid, l’année scolaire y rythmait les activités. Après l’école, les jeux, ateliers de psycho-motricité, avec collations, s’y succédaient. Idem pour les congés de Noël et la relâche scolaire : en matinée, film et jeux, déjeuner compris, et en après-midi, on va jouer dehors ! Pour les parents, Roland tenait deux gros bazars, en octobre et mai, où des vêtements NEUFS se trouvaient pour 2$.
L’été, le camp de jour attirait normalement 225 enfants. Pour l’été 2020, avec la distanciation requise, seulement 30 enfants auraient accès aux activités. Vous imaginez le désarroi des 190 enfants refusés ? Roland cherche à ouvrir des« succursales » dans les écoles du quartier. « Mes animateurs et animatrices sont pas des flancs mous ! Ils sont prêts à faire bouger les jeunes autant qu’à s’assurer que les mains soient lavées ! » Il ne manque que des locaux ! Tout un défi que Roland surmontera.
Lorsque le 14 mars, son gros événement « Complètement givré » a été annulé, Roland demanda l’aide à ses donateurs. Et parvint à donner pour 11 000$ en bons d’achats chez les épiciers Métro. La collecte continue, Roland est vite sur ses patins : c’est lui qui offrit d’accueillir le Marché Solidaire sous son toit durant les mois froids. Comme nous, il lutte contre l’insécurité alimentaire de son petit monde ou comme @robin des bois qui offrit encore samedi dernier 20 repas à 20 familles chanceuses !
Nos vies ont basculé. Les camps de jour ne seront pas les mêmes : hier, on sortait en métro au Festival de Jazz, faire la tournée des parcs et piscines de la Ville, là, on restera davantage dans le quartier. « Mais faut que nos jeunes puissent socialiser ! » Et pour ça, comptez sur Roland Barbier : « On va travailler très fort et on va réussir! » Il lance… et compte !
(Texte: Michel Duchesne)
Y’a pas que les ventres qui sont vides : les gens ont faim de contact humain.
En temps normal, ça grouille de vie dans les allées du Centre Boyce-Viau. Mais les 200 familles et ménages y restent enfermés, apeurés de croiser son voisin. Aucuns rires d’enfants, personne qui papote d’un balcon à l’autre. Un vrai village fantôme.
Mais y’a deux gardiens de la bonne humeur : Jules et Romuald, intervenants sociaux. Leur boîte vocale déborde, ils répondent aux appels de détresse et ont transformé les activités à la salle communautaire par des animations virtuelles.
Aujourd’hui, ils s’occupent de livrer de la bouffe maison à près d’une quarantaine de familles. Jadis, la cavalerie débarquait pour sauver les héros in extremis. En ce lundi tristounet, ce sont 3 cyclistes qui rappliquent, les remorques pleines de repas préparés par la Cuisine Collective et la Tablée de Chefs. De quoi égayer la semaine des familles encabanées ! Vive le chili végétarien, du porc aux légumes, dtarte aux tomates, en plus de denrées sèches, gracieuseté de Moisson Montréal.
Les étagères et frigos du Centre débordent, le temps, qu’à son tour, l’organisme GCC La Violence vienne chercher ses rations pour son monde. Tantôt, Jules et Romuald iront faire la livraison aux appartements des familles. Pour plusieurs, ça restera des repas en solitaire, surtout pour les aînés qui ont peur de sortir, des cas de Covid ayant été signalés à la grande surface du quartier. « Avant, nous organisions un brunch aux 2 semaines, là, les gens se parlent tout seul ! »
Et heureusement, y’a le bouche à oreille. Ce matin même, Juana Maria a eu vent de nos repas bienfaisants par son amie Belinda. Son nom s’est aussitôt ajouté à la liste de ceux qui résistent à la déprime. Car s’il est une chose que le virus ne tuera jamais dans Montréal, c’est l’entraide.
Et l’inventivité.
Tout comme nos cuisines se sont rapidement adaptées aux consignes sanitaires, à Boyce-Viau, l’aide sociale se fait virtuellement. Les ados rejoignent les animateurs sur Instagram, les adultes via Facebook, pour des ateliers vidéos de cuisine, de décoration, de musique et même de fabrication de cosmétiques ! Mais pour plusieurs, rien ne remplacera un téléphone de Jules : la voix humaine fera toujours un bien fou. « La première semaine, ça allait, mais là, depuis deux mois, ça crash, ça craque de partout. »
Alors vive les petits plats réconfortants et un beau bonjour de nos intervenants, histoire de garder le moral et la santé. Après tout, Obélix ne chantait-il pas « Quand l’appétit va, tout va » ?
(Texte: Michel Duchesne)
@boyce viau, @julien myette, @ Jules Brenez et Romuald Komlan
Depuis 32 ans, ils sont aux premières lignes à nettoyer nos bureaux, des résidences pour aînés, vos commerces : « Nous savions que nous ne changions pas le monde mais nous étions convaincus que nous participions à le rendre meilleur.» disait la cofondatrice de Service d'Entretien Pro-Pret, Monique Verschelden. Mais en temps de pandémie, un ouvrier rajouterait : « Dans ma tête, j’allais pas risquer ma vie !»
Avec le Coronavirus, les même gestes d’entretien et de prévention ont acquis à la fois de la gravité… et une plus grande reconnaissance :
Nos 150 employés se sont mis à recevoir des MERCI !
après avoir désinfecté des locaux et des chambres, nous raconte Pascale Corriveau, coordonatrice à l’insertion. Avant, ils étaient un peu invisibles, il aura fallu un virus pour qu’on comprenne l’importance des équipes d’entretien.
En mars, certains employé-e-s ont toutefois eu peur de rentrer travailler, mais personne n’est tombé malade dans les 3 derniers mois. Plusieurs ont vu leurs heures coupées : parmi les clients de Propret, y’a des cinémas, des bureaux fermés, le télé-travail nécessite moins de désinfection ! L’avantage du@entreprises en d’économie sociale, c’est qu’on se serre les coudes : en plus du soutien alimentaire, des clients et des commerces ont aidé ces employés surla touche. La Cuisine Collective depuis un mois livre des plats bienfaisants les vendredis aux vaillants nettoyeurs de l’ombre.
Cuisine et entretien font bon ménage ! Nous-mêmes comptons sur ces magiciens de la propreté qui après avoir nettoyé la clinique Fondation Du Docteur Julien rendent nos cuisines impeccables pour le lendemain. Depuis 15 ans en poste, leur directeur de l’exploitation Ruben Jimenez et ses troupes forment des préposé.e.s à l’entretien qui vaquent autant dans les @SEPAC, les hôtels, le@Biodome et des tours à condos et de bureaux où vous les croisiez sûrement
En 32 années, Propret a redonné une dignité et du travail à des milliers de sans-emploi, souvent sous-scolarisés : de nouveaux arrivants comme des gens se relevant d’un burnout ou d’un problème de santé ; d’ex itinérants, référés par l’Accueil Bonneau, le Refuge des Jeunes de Montréal… Propret a donné une nouvelle vie à Diana Vilaire, «je ne savais même pas comment sourire car j’avais trop de peurs en moi. » Stéphane André travaille dans une résidence pour aînés de 500 personnes qu’il salue toujours quand il les croise : «je sais que ce petit bonjour-là, c’est peut-être le seul qu’ils recevront dans leur journée »
En pleine pandémie, une nouvelle cohorte débutait leurs 910 heures de formation. Il a fallu repenser l’enseignement donné dans des locaux de la SDC Technopôle Angus. Tous les nouveaux apprenant-e-s portent visière et masque, des méthodes de désinfection s’ajoutent et tous ces changements sont documentés via des capsules vidéo pour enseigner grâce au Théâtre Paradoxe.
Les employés d’entretien sont sortis de l’ombre! N’oubliez pas de les saluer la prochaine fois que vous les croiserez.
(Texte: Michel Duchesne)
@chambrede commerce du mtl metropolitain
@chantierde l’économie social
@collectifdes entreprises d’insertion
Son sourire la précède : « Bon matin tout le monde! » Oléna rejoint l’équipe de la cuisine en y ajoutant l’épice du bonheur. Sa vie est belle, comme son accent chantant : 3 années au « Kwouibec » et déjà 6 mois qu’elle est employée à la Solidaire. Et tout ça à cause d’un souper entre amis.
Elle vivait à Zaporijia en Ukraine. Un soir, ses amis l’invitent à souper, un Québécois en voyage fait partie des invités et depuis… « je suis mariée avec les hommes… oups un ! » Comme ici, les ukrainiens jasent longtemps autour du fourneau, un vrai party de cuisine :
Beaucoup de ressemble entre nos cultures
Au niveau du menu également, Oléna trouve bien des similitudes : les gâteaux, les soupes, les viandes.
Elle cuisinait beaucoup « comme chaque maman » et a vu l’annonce de la formation dans le journal.Enthousiaste, malgré une petite fatigue par l’apprentissage de nouvelles tâches et la langue « À l’école, on apprend le français, ici beaucoup les mots québécois. » Dès son réveil, elle allume la radio pour se faire l’oreille puis le métro, la ligne verte, afin de retrouver l’ambiance tranquille de laSolidaire. Comme tant d’autres, elle a laissé les conflits et la guerre derrière et n’aime mieux pas en parler.
La voilà en tête à tête avec la trancheuse dont la lame pourrait en affoler certains, «Oh non! C’est routine maintenant. Si vous connaît les règles, il n’a pas de problèmes. » Sa nouvelle job la combe ainsi que son garçon de 16 ans « beaucoup content! » Il mange de tout, il aime les épices nouvelles, « il demande toujours d’en rajouter »; en bon ado, il a toujours faim… et se fie sur sa mère pour tout préparer. Oléna trouve qu’il est « plus bon » qu’elle en français, au secondaire à Cavalier de LaSalle : on espère surtout qu’il est aussi heureux qu’elle de sa nouvelle vie. Ça goûte meilleur.
(Texte : Michel Duchesne)
La restauration, c’est un travail d’équipe. Un gérant tout seul, ça fait rien de bon… à part courir !
Calmement, il vérifie l’assaisonnement d’un plat, félicite une apprentie pour sa préparation réussie, consultant constamment l’heure comme le lapin d’Alice au pays des merveilles. Journée de tempête, multiples conférences dans les étages supérieurs, il sait que la salle à manger sera bondée dans quelques heures : « On est victimes de notre succès, c’est un beau problème ! »
Les restos, lui, il connaît ça ! L’avenue, Sports Scène, Chez Lionel, Dur à cuire : depuis sa sortie de l’Institut d’Hôtellerie en 2014, il a vu bien de plats passer… à une vitesse folle. « La moyenne en restauration, c’est 4 employés pour sortir 200 repas. » 50 clients/plats par personne en cuisine !?!? Yep… Félix salue le courage de ces équipes débordées aux semaines de fous, « des chameaux, pas le temps de s’arrêter pour boire une gorgée. » Mais pas ici, où on se doit de bâtir la confiance des nouveaux participants en formation : chacun(e) a son parcours de vie traversé de difficultés, mais comme dit Félix, «tout le monde aun passé. » Certains stressent à l’idée d’apprendre chaque jour du nouveau, d’autres sont moins à l’aise avec les clients, mais en bout de piste, tous surmontent leurs difficultés.
Félix m’arrête pour aller saluer unhabitué venu prendre un café, poursuit pour aller corriger un détail à la présentation des plats du jour. Du lundi au vendredi, sans faute, un plat de viande et un choix végétarien à seulement 6$… essayez de trouver la même qualité dans le quartier ! Félix a aussi actualisé l’offre du bar à salade,protéines végétales, variétés de fromages et chaque semaine, un pays àl’honneur. Une cuisine du monde accessible et goûteuse : vendredi dernier, c’était l’Allemagne à l’honneur et la semaine prochaine, 25% de nouveaux plats apparaîtront dont un cassoulet, du chakchouka, le poulet au beurre. Y’a que le poisson qui, comme dans bien des familles, est le petit mal aimé, même une vraie sole meunière au beurre noisettes ou de la morue au miso, un classique japonais, peinent parfois à charmer les réguliers. Mais Félix et l’équipe tiennent bon, on change les habitudes alimentaires un plat à la fois !
Félix teste la mousse au chocolat végétalienne qui passe le test haut la main, « Nicolas, un nouveau chefpâtissier, y’est génial! » Même si « la cuisine de gars » demeure un gros vendeur (pâtés chinois, sauce à spaghetti, poulet BBQ…), la nouveauté gagne du terrain ! Comme la confiance des apprentis.
« Ils restent pas à faire les mêmes opérations comme dans une usine. On travaille sur leur autonomie. » Et ça marche :d’abord déstabilisés d’apprendre dans le feu de l’action, les apprentis prennent vite des initiatives. Encouragés, corrigés. L’une apporte la soupe oignons-orge, l’autre a le go pour partir les brocolis, le pire légume selon Félix parce qu’il perd vite ses couleurs. Mais vous ne verrez jamais du brocoli gris trop cuit à la Solidaire, pas plus que des crises d’égo et de stress : « je retournerai pas dans un resto à travailler à la chaîne, j’aime trop l’interaction ici. » L’entrevue doit se terminer, on approche du rush du dîner, l’énergie grimpe d’un cran : « ça va prendre d’autres ustensiles, Paul! »
Félix gère la Solidaire avec une main de fer dans une mitaine de four.
Cuisiner des patates pilées à 9h du matin ça coupe ou ça ouvre l’appétit ? «Ça donne faim ! » Paul-André met la touche finale aux deux ragoûts du jour, celui d’antan porc-dinde, celui aux edamames sauce tomate.Tout doit être prêt pour les 212 conférenciers en plus des travailleurs du quartier habitués à la CSN. Paul-André se donne à fond comme au premier jour de sa formation « je savais dans quoi je m’embarquais ». Il avait déjà travaillé dans des restaurants, mais pas avec des aussi belles conditions.Dévoué, appliqué, son énergie fût remarquée et il fût engagé à la Solidaire avant même la fin de son parcours de formation !
L’amour de la cuisine, il le tient de sa grand-mère à Causapscal en Gaspésie. Elle avait son jardin,
Ça sentait toujours bon dans la maison
Du cipate comme de la truite, elle a lui montré quelques trucs, il a continué une fois en appartement, mais jamais autant qu’ici ! Y’a plein de recettes qui se sont ajoutées à son expertise avec un autre avantage : « je suis un gourmand qui grossit pas ! » Oh comme ça fait l’envie de plusieurs !
Avec aplomb, notre cuisinierresponsable du « chaud » termine les brocolis d’une main, une sauce à poutine de l’autre. « Qu’est-ce que je peux faire pour aider ? » lui demande l’apprentie Najat (« avec un j, comme jolie »). Tiens, le boeuf coréen du lendemain à la sauce bulgogi, ils auront de l’avance; comme grand-maman qui avait toujours une soupe sur le rond du fond et une tarte sur le comptoir pour bien nourrir son monde.
(Texte : Michel Duchesne)
Tout est beau !
Les yeux doux, le sourire paisible, Marie-Claude va chercher les petites tomates qui manquent. Avec un cure-dent, elle les fixe aux sandwichs au capicollo qu’elle a rempli avec sa co-équipière Mameanta. Puis, soigneusement, elle place les sandwichs sur un plateau puis demande « -Chef, c’est quel numéro de commande ? -1634 ! » Elle l’écrit en gros chiffres bien clairs et va porter le plateau au frigo, sur la bonne tablette « pour pas que le livreur cherche tantôt ».
Marie-Claude a tout retenu ce qu’on lui a montré. C’est pourtant la première fois qu’elle intègre l’équipe de traiteur, « mais je suis capable ! » Ce sont les @Compagnons de Montréal qui lui ont trouvé l’emploi ici, eux dont la mission est de maximiser l’insertion des personnes « différentes ». Des fois, Marie-Claude va moins vite mais elle fait moins de fautes, fière de savoir où sont les affaires.
Sur une grande tôle, là, ce sont des petits pains ronds qu’elle dépose doucement pour ne pas leur faire mal. Y’a un fromage qu’elle ne connaissait pas qui va dessus, « y’ont tout pesé pour que ce soit égal » Ça s’appelle du camembert et y’a des noix vertes qu’on colle dessus, des pis-ta-ches. Ils sont 4 à en remplir 2 immenses plaques, un côté du pain badigeonné de sauce aigre-douce ( cerise ?raisin ?).
« Faudrait aller les faire chauffer en haut ! » rappelle Chef Emile, pressé par le délai de livraison. Marie-Claude prend une plaque, son co-équipier l’autre. Elle connaît bien les fours en haut, mais c’est pas elle qui met le bon degré, y’a (Hakim?) qui s’en charge. Au passage, Marie-Claude sourit à Chef Marie, « j’ai fait attention ».
Les commandes 1634, 1652 et 1694 sont parties l’heure d’après. À nos clients d’aujourd’hui, la Ville de Montréal, la FTQ ou l’Assemblée Nationale, Marie-Claude vous assure que les sandwichs étaient beaux et espère qu’ils étaient bien bons.
(Texte: Michel Duchesne)
« J’ai vu la job ici annoncée sur Facebook, ça m’a intriguée ! » L’énergie, elle en avait déjà à revendre, la confiance, elle en a gagné : « En cuisine, ça bouge tout le temps, c’est ça que j’avais de besoin ! »
Maman de 4 ados, 4 gars aussi grands qu’elle… « Ça mange ! » Et ça cuisine aussi ? « Disons qu’ils font plus d’Instagram pis de SnapChat ! Le plus vieux commence, pas le choix, il vient d’arriver en appartement. Maman sera pas toujours là pour remplir son congélateur ! »
Elle vit depuis toujours dans @HoMa, un quartier familial qu’elle adore. comme sa formation. « J’avais lâché l’école, j’étais tannée d’être à la maison : c’est le fun voir du nouveau monde! » Comme d’apprendre plein de recettes et pouvoir rapporter des plats différents aux grands, ça les change des hot-dogs et pâtés chinois !
Chef Marie manquait de main d’oeuvre ce matin pour livrer à temps les commandes de traiteur. Il lui fallait quelqu’un de fiable en renforts. Pascale ! Les bouchées de traiteur, c’est devenu sa tasse de thé :
Être minutieuse, tout délicate, j’aime ça. Au début, j’en ai manqué une couple, mes rosettes étaient pas parfaites !
Mais là, elle a trouvé son bonheur dans la petite touche de couleur ici, le filet de sauce là.
« Il nous reste 50 minutes pour les 50 bouchées! » Y’a rien là. Surtout qu’hier, Pascale a eu 89% à un examen sur les questions hygiène/salubrité. « Je suis sortie de là, la face comme un Smiley ! »
Elle regarde déjà pour des emplois en mars, peut être dans une cafétéria avec des jeunes ou des personnes âgées, car elle aimerait bien avoir un contact direct avec les gens. Mais faudra que ça soit de jour « Même s’ils sont grands, je veux voir mes gars le soir après l’école ! »
Et fort probablement leur apprendre une recette ou deux.
(Texte: Michel Duchesne)
On est à veille de se dessiner un sourire sur nos visières !
Car elles s’embuent au-dessus de chaudrons fumants ! Mais rien pour empêcher la création des repas bienfaisants et miner le moral d’Annie et Bethana, ravies d’enfin reprendre le travail. Toutes deux mamans, de 4 et 3 enfants, elles ont trouvé ça un peu long 3 mois de confinement. Elles repartent en lion ! On parle ici de 500 ou 800 lasagnes ? « Jusqu’à ce que mort s’ensuive! » rigole Chef Catherine.
Annie n’a pas une trajectoire traditionnelle : elle voulait être machiniste, s’était même avancé assez loin dans sa formation. Mais ça l’emmenait souvent en retard auprès de sa fille et ses 3 garçons : pour une mère monoparentale, le sacrifice était trop grand. « Maintenant, c’estmoi la machine ! » qui cuisine pour les familles nécessiteuses de Montréal et la sienne.
Bethana termine son secondaire 5 à l’éducation aux adultes, tout en finissant sa formation ici en cuisine. Wow ! Faut être ingénieuse pour tout rallier 2 formations, le transport, le plus jeune à la garderie. Est-ce que sa plus vieille l’aide aux repas à la maison ? « Laprincesse? Pas encore! » C’est le petit dernier de 2 ans et demi qui s’impose, « Moi je veux le faire » et Bethana ne peut pas le contredire, il hurle si elle l’empêche. « Un futur chef ! »
À 9 et 10 ans, Annie et Bethana ont appris avec leur mère à cuisiner. Iskandar aussi a appris avec sa mère, mais en Turquie où il parlait déjà un peu français. Il a été référé par le CJE de Montréal Nord. Il trouve parfois difficile d’être le seul ici de sa famille, mais adore son job. « Ça commence bien ma vie ici. »
Alors que l’un verse la sauce au fond, l’autre repasse avec les pâte squi cuiront au four. Mais 500 barquettes, c’est long ! Quand sonne la pause café, faut tout rempiler pour envoyer au frigo et ressortir ensuite. « On était rendu à quel étage, donc ? » Le 3e de sauce ou le 2e de pâtes ? Il me semblait qu’une ou deux portions manquaient de sauce avec des retailles de pâte: « les Aurore l’enfant martyre » de la lasagne ont été remplumées, personne ne pourra se plaindre d’en avoir moins que les autres !
« D’après moi, on va frapper le mille ! » 1000 lasagnes d’ici l’heure du lunch ? Y’a de quoi se dessiner un sourire de fierté sur la visière.
(Texte: Michel Duchesne)
Pour sortir 2 000 portions de nourriture par semaine, ça prend toute une équipe au travail ! Le Travail à la chaîne était un quizz où les invités devaient enchaîner les phrases, souvent avec des éclats de rire. Les rires ne manquent pas dans nos cuisines, même si la cadence est parfois essoufflante.
Imaginez-vous trois longues tables de réfectoire bout à bout. L’équipe est disposée dec haque côté. On y assemble 280 barquettes de Quinoa. En salade méditerranéenne? Non, une variante mexicaine : vous êtes pas dans le bon continent, monsieur le journaliste… mais le Quinoa sera dans la bonne assiette sous peu !
Face à face, côte à côte, un chariot pour se distancier, « Général Félix » récapitule la procédure d’un bon travail à la chaîne. Alignez les barquettes… Prêts ? Partez ! Alors que Johanne dépose la généreuse portion de salade, Richard passe derrière pour verser une louche de bouillon. Et taw ! Taw ! Pour sceller l’aluminium autour des couvercles, Hassel prend son couteau sinon, au bout de 2 000, les pouces seraient râpés à l’os ! En face, Gaby et Sophie font de même. Qui de l’équipe marque au feutre les couvercles d’un gros Q ? Ariane ou Malik ? Je ne sais plus, sinon, qu’au bout de la chaîne, c’est Mirline qui ramenait 10 barquettes par plateau puis 20 plateaux par échelle à pâtisserie.
« Et attention ! » P.A. pousse l’échelle en suivant les flèches rouges au sol. «Il a failli me démonter l’épaule en passant » rigole Marie-France dans son impeccable habit blanc.
Dans un autre coin de la cuisine, Chef Olivier fait suer des oignons, « mais pas l’équipe ». Dans cet immense chaudron, baptisé la Grosse Bertha, je crois voir l’équivalent de 3 sacs de 10livres d’oignons qui jaunissent à feu doux, répandant leur odeur sucrée dans toute la pièce. Longtemps, Olivier gérait des jeunes en détresse, dont certains utilisaient des couteaux pour autre chose que la cuisine. Lui et et Mirline sont rentrés avec nous 2 jours avant que le confinement soit déclaré. 2 jours de normalité avec des commandes traiteur, des groupes de cuisine communautaire, des nouveaux apprenants… puis pouf! Le monde a basculé. Pendant un mois, personne n’était dans son assiette. Et la faim grandissait dans le quartier. Tel le Grand Schtroumpf, Benoist a trouvé à repartir la machine. Et a pu rappeler les employés.
Nathalie, Caroline, Véronique, Mario : let’s go ! Jean, viens retrouver ton camion de livraison, y’a même la Tablée des Chefs qui se joint à l’aventure.
Une partie de nos cuisines servait régulièrement aux pâtisseries, on y fait maintenant 200 sandwichs par jour pour les itinérants. Et de la soupe qui guérit les bobos à l’âme. 100 litres de soupe à fois. Ça fait combien de bols, ça ? Catherine n’avait pas le temps de compter pour moi ce matin, mais si un bol fait 8 onces, sauriez-vous faire le calcul ?
Félix et Caroline additionnent les livraisons par organismes du quartier. Ils étaient à la cafétéria La Solidaire de la CSN avant que tout s’effondre, les voilà revenus à la maison mère ! Ils vérifient à la chambre froide que nous avons suffisamment de barquettes « L, » pour Lasagne à la viande, qui sera gratinée demain juste à temps pour la livraison.Et le C du poulet Cacciatore ?
Minute, papillon ! On le finalisera cet après-midi. Pour récompenser les troupes, ce midi, on a mis plus de fromage aux pâtes primavera. « Ça va être bon dans la gueule! » rigole avec panache Catherine. Elle rêve de retourner à l’Ile d’Orléans se gorger d’horizon sous peu. En attendant, Gaby ouvre les panneaux aux fenêtres : on va se gâter avec du soleil ! Celui qui réchauffe enfin nos âmes de montréalais confinés.
Celui de la pause bien méritée. Fallait que je choisisse mon camp : les purs qui vont sur le toit au soleil ou les pestiférés qui vont boucaner en avant ! La blague est lancée par une pestiférée qui s’assume, une vraie « Face de crasse ! », la gaspésienne du lot qui apprend à ses collègues l’expression.
Le temps d’une photo et tous se remettaient au travail : 2 000 portions, pas le temps de finasser. À la radio, les Rita Mitsouko chantaient « Dis-moi, oui, Andy… ».
Oui, ça va revenir à la normale et oui, un jour, il n’y aura plus de gaspillage alimentaire, tout le monde mangera mieux. Mais d’ici-là, y’a 20 valeureux enchaînent les bons petits plats et délivrent des familles de quelques soucis.
(Texte: Michel Duchesne)
- Le nom de notre groupe ?
-Les Licornes magiques.
Je sais, ton article vient de perdre toute crédibilité.
Mais si vous souhaitez un véritable cours 101 en bouffe végétarienne, arrangez-vous pour être licorne honoraire ! Fondé par Élaine Mann avec des amis du BAC, le chum de l’un, le coloc de l’autre, Les Licornes magiques ne sont pas tous 100% végétariens : « On tend vers ça, mais on est pas des saints. » Des petits accrocs comme des Timbits et du lait dans le café, « un petit incitatif pour se lever un samedi matin ! »
Élaine ne mange plus de viande depuis un an et demie. Elle a un beau cartable, recettes plastifiées, et une équipe volontaire : « Qu’est-ce que je fais maintenant? » Et hop! Vincent commence à hacher fin les amandes(sont moins chères entières) pendant que, les bananes pelées, Francis et Yohan voient à mélanger le lait de soya, les farines entières et ce qui remplace l’oeuf dans le pain aux bananes, un aliment de base chez les licornes, comme l’eucalyptus chez les koalas !
Sont efficaces ! Ils roulent 5 recettes de front., chaque ingrédient multiplié par… 16. « Hé boy ! Le calcul mental à matin ! » La multiplication des pains version 2020 ! Moins de viande, moins de déchets et plus d’argent dans le porte-monnaie… et autant d’énergie si je me fie à la locomotive Elaine qui voit à tout, de l’achat des ingrédients et fait ses 12 km par jour aller-retour de la job.« Moi c’est 22 ! » lance Francis, qui pour son Bac en biologie file de HoMa à @université de Montréal avec un lunch végétarien dans le sac à dos.Et songe s’inscrire à une maîtrise en enseignement à @uqam.
Une Licorne est déjà prof au primaire, mais ici, « je prends pus de décisions, je fournis ! » Faut voir l’immense chariot de toile noire qui déborde de pots Masson et de légumes transformés en bonne bouffe le temps de le dire. Mais n’oublions que ces licornes sont magiques et ont le temps de rigoler. Ça placote, ça se donne des conseils de vie comme de vélo, parler de la job ou des émissions jeunesse ( « J’avais pus l’âge d’écouter Les Schtroumpfs mais je trichais… » ) - Justement, Vincent travaille comme accessoiriste sur des plateaux de tournage. « L’échappée à TVA, il a fait la 3e saison de TROP écrit par Marie-Andrée Labbé et la cantinière préparait des végéburgers… au bacon !
Les plateaux de tournage consommaient énormément de bouteilles d’eau, d’aliments préparés, ça aussi ça change. « Faut encourager les efforts, y’a tellement d’affaires tout croche ! » Pour Elaine, ça fait partie d’une démarche de vie pour limiter les dommages à la planète. Ça ne l’empêche pas d’utiliser le gras animal pour faire son propre savon, « mes tantes me le gardent, on fait du troc ! »
Sur le comptoir, la farce des burritos déjeuner refroidit, resplendissante de couleurs, le vert tendre des épinards, le jaune des pois chiches- me semble bien - j’ai pas eu le temps de savoir le dosage de 16 fois quoi, ni les épices, car fallait partir les poireaux pour la soupe ! Les Licornes perdent pas une minute.
Ces 5 recettes crées chaque mois constituent la base de l’alimentation d’Hashley, licorne connue à la job en ressources humaines, « Pour le reste, je complète avec quelques achats. » Les Pots Masson vides s’accumulent sur un coin de comptoir, « Ça vient pas mal tout de MégaVrac.As-tu vu les files d’attente aux caisses les fins de semaine? » La conscientisation a meilleur goût, faut croire ! « Et pour le budget, c’est génia l! »
Concentrée, Vanessa mesure les canneberges séchées, les 40 tasses d’avoine puis hache les abricots pour le granola, que les Licornes préfèrent en miettes plutôt qu’en barres pour pouvoir l’ajouter aux yogourts ou juste de même pour couper la faim. Vanessa anime aussi des ateliers de cuisine à l’école de ses enfants, « St-Nom de Jésus » : « j’étais rassurée, y’en a beaucoup qui savaient déjà cuisiner. » Y’a de la relève chez les Licornes!
Oh, oui ! Quand une manque à l’appel, c’est l’amie de l’autre qui débarque le prochain samedi. Elaine capote avoir des chaudrons aussi énormes, faut même grimper sur un petit escabeau pour broyer la soupe avec la méga mixette ! Autre avantage : la Cuisine Collective HoMa facture les ingrédients manquants au prix du gros. Comme ce matin, les lentilles du Puy qui vont s’ajouter à la sauce spaghetti.
Voir cuisiner 8 licornes, ça apaise l’âme. Ça change, j’imagine, du réel parfois plus rock and roll, comme l’une qui vit sur un coin de rue plus tough « on laisse rien traîner sur le balcon sinon on se le fait voler » ou comme Élaine qui s’implique auprès des toxicomanes, un univers plutôt loin des protéines végétales ! Bac en criminologie @Université de Montréal, pour son doctorat en finition à @Institut Nationale Recherche Scientifique, Elaine a passé l’été aux @Jardins Emilie Gamelin, comme Vincent passera le sien à filmer la prochaine saison de @L’échapée pour TVA.
D’ici là, « As-tu une autre job ingrate pour moi ? » Go, Licornes, go !
(Texte: Michel Duchesne)
« Comment j’ai connu mon chum ? On était au IGA, moi avec des fraises, lui des bananes, je lui ai demandé si on pouvait faire un smoothie ensemble ! » Vous devinez que Stéphanie me niaise. Ils sont un exemple que des fois les sites de rencontres, ça marche ! Ils vont se marier cet été. Comme les mamies, 25 ans ensemble - mariées pour avoir la paix s’il arrivait un malheur à l ’une d’entre elles.
Anne est la leader de ce beau groupe familial : 3 générations de femmes aux commandes ! Ninon Lagacé est une amie, elle épluche son immense sac de carottes que Stéphanie coupe ensuite :
Si vous voulez la vérité, on est des pions, on obéit aux mamies !
Hélène et Anne rient de bon coeur. Stéphanie blague son mari peut pas venir, il a quelque chose de mieux à faire. La balayeuse ? Non, il rénove. L’autre belle-fille vient parfois prêter main forte quand elle réussit à faire garder les enfants. Mais Les Gourmettes ne leur en veulent pas : les absents n’ont pas tort et auront droit à leurs portions de bouffe. Des vraies mamies gâteaux !
« Ça brûle ici ! » Hélène va vérifier la « maudite sauce spaghetti. C’pas original mais tellement pratique ! » La sauce sert même à des mini-lasagnes congelées dans des moules à muffin, une merveille pour les lunchs. En passant, Hélène ADORE les immenses boîtes de tomates de 2,84 litres. Au nombre de groupes qui gravitent ici, elles aimeraient bien faire une corvée de sauce tomates à l’automne, comme à Noël, elles faisaient partie des dizaines de lutins qui créaient les recettes « on en a roulé de la boulette pour des ragoûts ! »
Déjà, elles complètent leur soupe repas aux algues « mais pas beaucoup » qui déborde de pois chiches, lentilles, poulet qui, surprise, pogne avec leurs jeunes. À leur demande, les Gourmettes cuisinent avec moins de viande : les petits-enfants sont conscientisés, même si des fois, n'aident pas autant qu’on le voudrait. « Sauf si elles ont pas aimé le repas de la veille . Elles vont venir couper un piment pis ciao, bye, elles en ont plein leur casque ! » Comme pour excuser ses grandes soeurs, la petite Mia est venue donner UN coup de main, soit laver UNE spatule. Y’a du potentiel de chef, si on ne l’arrête pas, bientôt, Mia va donner des ordres à mamie Anne !
Anne a pris sa retraite du Carrefour Jeunesse Emploi, mais n’arrêtera pas demain de s’impliquer dans la communauté : elle s’active au CA de Y’a quelqu’un l’autre bord du mur, et aimerait ça s’impliquer au GRIS. Mais là, beep beep ! faut emmener le chariot à un 2e four pour compléter les burritos.
Elles avaient moins de temps aujourd’hui, elles vont au théâtre chez Duceppe en après-midi. « C’tu bon cette année leur programmation ! » Hélène voudrait avoir le temps de se changer le chandail plein de sauce. Elles ont triché avec du pré-coupé, des sacs ben pratiques du grossiste Mayrand.» Mais elles trichent pas au Scrabble, juré craché !
(Texte: Michel Duchesne)
Nous, on est le 4e trio : on mâche de la gomme, on joue dur dans les coins et on s’arrange pour scorer
Violette dit que c’est impossible qu’UNE seule personne cuisine 200 tourtières, 100 gâteaux aux épices et 3 millions de boulettes traditionnelles. Il faut de l’aide. Sa mère lui a raconté qu’il y a des lutinscachés dans la Cuisine Collective d’HoMa qui voyaient à tout.
- Meuh !
Violette n’en croyait rien et, un beau samedi matin, décidade mener l’enquête.
Dès 9h, une dizaine de citoyens attendaient à la porte avecleur « bon de commande de cuisine de Noël ». Comme une liste decadeaux demandés au Père Noël ? Oui, oui. Violette demanda à lire les bons : Marie-Chantal voulait pas ambitionner cette année et avait seulement demandé un poulet gratiné et un pâté à la dinde. Daniel reçoit du 23 au 26, « ma copine avec sa chatte » et lui servira des plats d’ici, faits « comme à lamaison ». Tantôt, il ira à l’épicerie chercher des patates, « c’est tout ce qui me manque ».
Violette les questionna, mais ni Marie-Chantal, ni Daniel n’étaient au courant pour les lutins-cuisiniers. Humm… Violette fit comme toutce beau monde qui entrait à pleine porte : se réchauffer et se réconforter avecune petite bouchée de sucreries maison, un café ou un chocolat chaud. Violette prit deux fois d’une sorte de carré à la guimauve santé. Délicieux ! « C’est toi qui l’a préparé? » demanda Violette à la belle adolescente d’origine haïtienne. « Non, je suis arrivé, tout était déjà sur la table. Comme par magie ! »
Hummm… Violette se doutait bien que sa mère lui avait menti: il n’y avait AUCUN lutin devant les fourneaux, de toute façon beaucoup tropimmenses et dangereux pour leurs petites mains.
Mais ce qui était étrange, c’est que les clients du matinremontaient du sous-sol avec leurs paniers aux roulettes gonflés, leur sac recyclable aux poignées tendues par le poids. Même le monsieur Daniel riait auxéclats :- En plus, ILS m’ont donné un sac de patates ! - Qui ça, « ILS » ?
Violette se dépêcha de descendre un escalier caché par uneporte métallique par où montaient et descendaient maintenant des familles entières. Elle bouscula une maman avec 2 de ses 4 enfants, qui remontaient ses plats et ceux de leur mamie qui vit seule : « y’aura pas de restants, j’ai 2 athlètes en parascolaire ». Violette crut voir quelque chose bouger au fond du corridor, un lutin qui se sauvait ? Mais elle devait attendre son tour en file comme les autres. Y’a un grand monsieur qui venait chercher « la cuisine maison » de sa femme qui travaillait temps double ces jours-ci. Une intervenante communautairefait les commissions pour deux participants handicapés. Des gens serviables, pensait Violette, mais pas informés : personne savait combien de lutins cuisinaient ici.
Car Violette avait maintenant un indice : sur un des pâtés à la viande, un lutin avait signé « Joyeux Noël » avec des petits sourires coquins. Qui d’autre aurait pu préparer 400 portions de porc aux deux champignons ? 92 pains de viande aux lentilles ? Tout était congelé, prêt à réchauffer le coeur de familles dans le besoin. Tout le monde aurait sa part de bonheur qui fondrait dans la bouche.
Sivous ne le répétez à personne, voici ce que Violette a découvert : depuis novembre, le jour, les soirs de semaine et les samedis, des gangs de lutins s’amènent sans tambour ni trompette à la Cuisine Collective d’HoMa. Pour ne pas qu’on les reconnaisse, ils se donnent des noms secrets : la Clé des Champs, Les Licornes Magiques, les HocheCoquines. Les lutins cuisinent en chantant et se sauvent tout de suite après, laissant les congélateurs de la Cuisine Collective de plus en remplis.
Ils font ça bénévolement, mais pour défrayer le coût des aliments, qui ne cesse de grimper, familles et clients doivent payer 85 sous la portion. C’est pour ça que tout ce beau monde sourit autant lorsqu’ils remontent du sous-sol : ils vont pouvoir respirer un peu pendant le temps des Fêtes.
Autre preuve que les lutins existent : ils ont laissé des Graines de Bonheur à planter chez soi pour s’assurer d’avoir de la joie à l’année longue. « Parce qu’on récolte ce que l’on sème » dit l’étiquette cadeau. Une dame a raconté que les graines venaient de plantes qui poussaient ici sur les toits.
- Meuh !
Des plantes sur un toit ! Pourquoi pas des jardins avec des tomates. La dame jurait qu’elle disait la vérité : sur les toits de la Cuisine Collective, il y a des légumes et même des colonies d’abeilles. « C’est làq ue les lutins se cachent ! Avec les abeilles ! » Violette en estc onvaincue, a voulu monter sur le toit vérifier, mais tout était fermé à clef. Faudrait revenir en 2020 continuer l’enquête !
En trois heures, ce samedi matin, 5250 portions de nourriture maison auront été redistribués. Un peu moins de solitude à Noël. Dela joie pure comme cette dame qui fila en poussant son chariot à roulettesrapiécé : « Je m’en vas rejoindre mon Père Noël à Gatineau et j’arriverai pas les mains vides! »
Joyeux Noël de la part des travailleurs et des bénévoles de la Cuisine Collective HoMa!
(Texte: Michel Duchesne)
Béni soit le jour où j’ai vu des serveuse s automates cultiver des tomates. 10 bénévoles qui avaient le goût d’être utiles, venus se gorger de soleil, comme les plants de coriandre dépressive et de fenouil découragé, exténués par trop d’heures de confinement.
Qui va où et qui fait quoi ? Chef Richard pilote les opérations : le toit jardinier et nourricier, c’est sa passion. Des tomates Celebrity s’embarquent à bord des bacs 24 et 25. Celles de la variété Tiny Tim prennent plutôt la 42.Les 10 plants de Beef jouent du coude pour longer la rue Joliette, « Non ! C’est pas là qu’elles vont ! » Elle iront cacher un mastodonte de métal gris, container de gaz naturel, tout comme des plants de ciboulette essaient de faire taire un immense climatiseur à l’autre bout. Des capucines fleuriront au bout des bacs.
Il faut créer de la beauté.
dit Richard. Et ainsi sera-t-il la matinée durant.
Pendant que les abeilles dorment encore, on se dépêche de planter dans le Bac 1, un conseil d’Aurélie. La semaine dernière, elle donna un coup demain pour déployer les bacs et les lourds sacs en jute débordants de terre noire et d’engrais. « J’ai été raquée deux jours », mais rien pour l’empêcher de revenir : en réorientation de carrière, elle devait commencer un cours en horticulture le 16 mars… Mais vendredi 13, jour du Grand Confinement, bien des rêves furent reportés. Mélissa qui plante des haricots avec elle, préparait un gros tournage la semaine avant le GC. Puis plus rien. Mais la pandémie tisse des liens et remet les choses en perspective, « on courait tellement avant ! ». Je les croyais amies depuis longtemps, « non, ça fait 10 minutes qu’on se connait ! ». Les haricots, ça rassemble !
Avant GC… Xavier travaillait au @Défi Pierre Lavoie. Chaque année, il organisait la grande boucle dans une nouvelle ville. Cette année, sa propre ville est en berne, comme bien des employés des festivals et événements. Le Covid est mortel pour le milieu culturel, la fête bat un peu de l’aile. Mais Xavier, comme tant d’autres va se réinventer. Nous écrivons une page d’histoire et lui, diplômé de journalisme à @l’UQAM, sait combien l’humain est capable du meilleur.
« J’ai toujours aimé jardiner, je m’occupe de faire pousser des enfants à la place ! » Professeure en maternelle, Gaëtanne a préparé sa classe pour un éventuel retour le 25 mai. D’ici là, elle nous apprend que le plus gros prédateur à craindre est l’altise, coléoptère qui peut faire des ravages. Saviez-vous qu’une partie de l’argent des vignettes de stationnement finance des bacs de jardinage dans les écoles et résidences pour aînés ? C’était une idée de @Luc Ferandez pour que les montréalais gardent un contact avec la terre.
Jeune couple, Samuel et Pascal viennent d’adopter des plants de piments oranges et jaunes. 13 plants à la douzaine, erreur ou cadeau de@la brouette maraîchère ? Parvenus au Bac 21, le 13e plant se rebelle : «Non, je veux rester dans mon petit pot ». Courage, bonhommes piments ! Mélissa vous installe des arceaux pour quand vous serez grands et Chlotide vient vous arroser dès les premiers instants. Elle qui collabore avec@la Chambre de Commerce de l’Est de Montréal fait bien attention de ne pas trop mettre de pression d’eau. Surtout arrivée aux timides pousses de fenouils qui pourraient se noyer.
La moutarde aussi en arrache. Les plants sont si ténus, oh les grands froids de mai ! Vont-ils passer au travers ? Toute une équipe de chirurgiens-jardiniers s’activent autour du BAC 40. La vie est si fragile, chantait Luc de La Rochelière. Tiens bon, moutarde ! Après tout, on veut te manger les feuilles, vendues au Marché Solidaire, et t’empoter en moutarde maison !
Deux bénévoles déjà au chômage attendent les ordres. « Vous êtes trop vites ! » s’exclame Richard. Non, trop contents d’être acteurs de changement. Et ravie de dire merci à la Cuisine Collective, comme Hélène qui cuisinait ici un samedi par mois avec sa gang de parents végétariens. Est-ce que ces beaux samedis reviendront un jour ? Elle espère bien, sans vouloir mettre en danger qui que ce soit. D’ici là, fille concept, elle plante des tomates avec des gants à motif de tomate… gants qu’elle enlève pour planter des radis. « Ça goûte au quoi juste ? » Hein ?? Jamais mangé de radis qui vous piquent la gueule ? Vivement juin pour venir croquer dedans !
Déjà, ça pousse autour à vitesse grand V. Le temps de se retourner la tête et pouf ! La laitue apparait dans les bacs 27, 29et 31. Et au bac 8, ce sont 5 plants de courgettes vertes. Il en manque un à l’appel, il a fugué. Leur jardinier travaille d’ordinaire au @Centre des Jeunes, mais les jobs étudiantes cet été se feront rares.
Un panier bleu, ça commence par des semences vertes. Chicorée, bettes à carde, épinards, des jardins de l’écoumène : ça nous émeut toujours autant de savoir que ces minuscules grains nourriront autant d’humains. Imaginez tous ces toits autour de vous qui seraient verts et nourriciers ! Rêvons ! Jardinons ! Cuisinons ! Ne soyons pas des saules inconsolables. Nous passerons au travers de cet épreuve comme ces petits plants abimés relèveront la tête. Nous sommes la vie. Et la vie est faite forte.
(Texte: Michel Duchesne)
La réalité ne nous permet pas encore d’assurer le retour en action de tous les groupes de cuisine collective. Nous poserons les gestes nécessaires pour y arriver et permettre la sécurité de tous. D’ici là, nous assurerons que chaque famille puisse avoir un réfrigérateur plein !
L’implantation de l’épicerie communautaire sur la rue Adam, pour tous, ouvrira au cours de l’automne. La structure de notre dépôt alimentaire au 5600 Hochelaga permettra d’assurer un approvisionnement cohérent auprès des organismes de notre réseau de distribution.
La pandémie a transformé et fragilisé les apprenants en formation, a touché à notre modèle d’affaires, mais aussi le marché du travail de façon durable. Nous devrons demeurer vigilants pour offrir un accompagnement personnalisé répondant aux préoccupations qui entourent le retour à l’emploi et en correspondance avec les besoins du marché du travail.
L’autonomie de nos communautés les plus fragiles ne passe pas uniquement par les miracles que font les Moisson Montréal, Tablées des Chefs et autre structure importante afin de nous alimenter en dons. L’implantation de notre ferme agricole sur le territoire du 5600 sera une démarche importante pour nous cette année.
La recherche de financement sera vitale pour accomplir notre quotidien au service des autres. Bien que la mobilisation des bailleurs de fonds fût extraordinaire, agile et rapide en période de COVID, nous constatons tous depuis longtemps que le financement des acteurs communautaires de premières lignes est sous financé et nécessite d’être revalorisé sur le financement de base et non par projet. Nos équipes méritent des salaires et des conditions de travail optimales. Au-delà de poser des gestes structurés et concrets pour assurer un financement adapté, les revendications publiques se feront plus marquées pour sensibiliser à tous les niveaux nos décideurs, élus, bailleurs et acteurs important autour de nous.
Nous travaillons fortement à diversifier notre offre : la révision de notre menu traiteur, l’implantation de l’achat en ligne, la création d’une application et l’arrivée de l’épicerie et de nos plats congelés sont les prémices de nos ajustements pour rebondir. Nous serons agiles afin de nous adapter à cette réalité que seront les prochains mois.
Portons une attention particulière cette année aux remerciements aux partenaires et bailleurs de fonds
L’appui porté avec l’arrondissement nous a permis de nous mettre en place dès le début de la pandémie. Grâce à cela, nous avons pu être rapidement, très tôt, présent auprès des organismes dans les HLM puis sur le volet de soutien alimentaire aux itinérants.
Que dire de la proactivité de Centraide et de la Fondation du Grand Montréal dans la gestion rapide des fonds d’urgence, une rapidité de gestion des dossiers avec une présence et une connaissance fine du terrain. Des communications extrêmement proactives.
Des fondations qui nous connaissent bien comme Mission Inclusion, anciennement L’œuvre Léger et La Fondation Francoeur ont rapidement été présentes pour nous aider.
Merci à La fondation J.A. De Sève qui est venue en appui et Food Secure Canada autant en fonds qu’en marchandises.
Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale pour leur appui, leur écoute et l’accompagnement dans le maintien de l’entreprise d’insertion pendant les moments d’incertitudes.
Le ministère de la Santé et des Services Sociaux pour l'aide financière complémentaire à l'accomplissement de notre mission.
Fondaction, dans la continuité de l’accompagnement du potager sur leur terrain, contribue fidèlement à un système alimentaire local tout en assurant une offre éducative pour l’école primaire Champlain. Mais aussi avec un moment touchant pour nous en plus cette année, les équipes de Fondaction ayant fait une collecte très importante pour nous soutenir dans la réponse active en sécurité alimentaire dans laquelle nous nous sommes engagés.
PME MTL et La Caisse d’Économie Solidaire, partenaires forts. Présents dans notre cheminement avec un appui pour notre plan de relance socio-économique.
Le Syndicat des Métallos, avec nous chaque année pour soutenir les cuisines de Noël a dit présent avant l’heure pour nous aider. Énergir venu en appui à un organisme de son quartier !
Des gros bravos et mercis à des partenariats inestimables pour atteindre certains volumes auprès de tous; La compétence et l’aide de Moisson Montréal qui est une des clefs de cette année. La tablée des Chefs a permis d’aller plus loin Suivi par Fleury Michon géré par le Réseau Alimentaire de l’EST de Montréal et Bouffe Action pour nous approvisionner. La Cantine Pour Tous, là aussi un acteur clef pour la centralisation de logistique auprès de nous pour les points d’aide alimentaire aux itinérants, mais aussi pour nous l’aide alimentaire aux familles à faibles revenus.
Levons aussi notre chapeau aux organisations ayant embarqué dans ce réseau de distribution auprès des citoyens ! Pour bons nombres, l’alimentation n’est pas leur mission de base et ils sont allés au front avec cœur et conviction. Sans eux, cela n’aurait pas été faisable ; Centre Communautaire Hochelaga, L’Antre Jeunes, Frigo communautaire de l’Est, Répit providence, GCC la violence, Centre des Jeunes Boyce-Viau, Care Montréal, Centre Communautaire Social et Éducatif Maisonneuve, Foyer des jeunes travailleuses et travailleurs de l’ile de Montréal, CJE Hochelaga-Maisonneuve, Interaction Famille, Le Mûrier, Distributions l’Escalier, Propret, Carrefour Familial Hochelaga, Carrefour Parenfants, Productions Jeun’Est, YMCA Hochelaga, Maison Oxygène.
Passer le cap de cette période est aussi grâce à nos regroupements qui nous conseillent, suggèrent, informent, forment :
Le Collectif des entreprises d’insertion duQuébec (CEIQ), La Mutuelle de formation du collectif des entreprises d’insertion du Québec, Conseil de Coordination du Comité d’Économie Sociale de l’Île de Montréal (CÉSÎM), Comité sectoriel de main-d’oeuvre, Économie sociale et Action Communautaire (CSMO-ÉSAC). Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ), Association des restaurateurs du Québec (ARQ), Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), Chambre de Commerce de l'Est de Montréal (CCEM.)
À tous, merci !
Pour faire bouger les choses, il faut une équipe solide !
Merci infiniment à toutes et tous pour leur implication !